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Sessantotto segreto # 3

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Derrida racconterà a Janicaud vent’anni dopo: “c’est Jacqueline Laporte qui, m’a-t-on dit, pour protéger son mari, a alerté Blanchot” (op. cit., II, p. 98). E Blanchot, che dalla guerra d’Algeria sia era ritirato dalla politica attiva nonché passiva, si allerta subito scrivendo il 25 gennaio 1968 a Derrida: “depuis deux jours, ayant été mis, en dehors de Roger Laporte et à son insu, au courant de la très pénible histoire dont j’ignorais tout, ayant écrit à Fédier, ayant reçu une réponse violente [lettere entrambe disperse], ayant le sentiment que nous sommes tous entraînés par le courant de la rumeur où par avance toute vérité est déjà détournée d’elle-même et toute rigueur se défait, ayant encore plus le sentiment que Roger Laporte est vraiment intérieurement menacé, je voudrais m’entretenir avec vous, recevoir votre conseil.”

Così il 27 gennaio Blanchot incontra a quattr’occhi Derrida cui scrive due giorni dopo allegando una lettera scritta subito dopo l’incontro a Fédier, che suona: “Quand je vous ai écrit, je n’avais pas compris (par une faute qui m’incombe) que celui qui avait été mis en cause au cours de l’entretien dont Jean Beaufret ne se souvient pas, mais que le témoignage de Laporte suffit à rendre pour moi inoubliable, était Emmanuel Levinas, avec qui depuis près de quarante ans je suis lié d’une amitié qui m’est plus proche que moi-même […]. Le fait que Beaufret retire ces propos soit par l’oubli soit par l’interprétation, devrait permettre de dire (au niveau des principes) : rien ne s’est passé, décidons que rien ne s’est passé. Mais il s’agit de Levinas. Et là, quitte encore à vous blesser, pardonnez-moi de vous dire ce que je ne cesse de me dire : comment puis-je accepter de participer à une publication d’hommage, lorsque celui à qui elle est destinée a ainsi parlé de cet ami, fût-ce dans un moment d’oubli ? Je n’ai pris encore aucune décision”.

In attesa di chiarimento, Blanchot scrive a Laporte. Anche codesta lettera è dispersa, ma fortunatamente la riassume per iscritto Laporte a Derrida, dopo vani tentativi a voce (“j’interprète comme un signe négatif des dieux l’obstination de votre téléphone à toujours répondre occupé”), il 5 febbraio: “d’une part Blanchot trouve de plus en plus inacceptable de participer à ‘l’hommage’ […] d’autre part, Blanchot n’entend pas essentialiser un antisémitisme de Beaufret qu’à coup sûr ce dernier, d’une manière ou d’une autre, rejette”. E siccome bisogna “agir ensemble par une décision identique”, la faccenda rischia di diventare “une quadrature du cercle !”.

Certo è che intanto Laporte, stando all’intervista di Derrida a Janicaud, diventa “le véritable accusé des amis de Beaufret qui montent la garde devant lui. Il y a plusieurs épisodes, échanges de toute sorte, jusqu’au jour où l’on a organisé une rencontre, dans mon bureau de l’ENS [École normale superieure], entre Beaufret et Laporte ; rencontre contradictoire. Beaufret est venu. Tous étaient pâles d’émotion, Beaufret et Laporte qui se connessaient, qui étaient donc maôtre et élève. Beaufret est venu avec Vezin. Nous étions tous les quatre dans mon bureau. Laporte a confirmé. Beaufret a, naturellement, violemmant dénié. Et c’en est resté là” (ibidem). In una lettera inviatami il 30 aprile 2012, François Vezin ha confermato la breve cronaca, aggiungendo però un quinto partecipante, Jacqueline Laporte, dal cui piglio dedusse che fosse lei la dea ex machina.

Dal canto suo, Blanchot torna in campo con una lettera a Fédier del 10 marzo (subito inviata in copia a Derrida): “je constate que rien n’a été fait pour apaiser l’offense commise envers Emmanuel Levinas. Dans ces conditions, il ne me reste que deux possibilités : ou affirmer publiquement et dans votre publication ma solidarité avec Levinas, ce qui me conduit à remplacer la dédicace à Beaufret par une dédicace plus appropriée, celle-ci : ‘Pour Emmanuel Levinas / avec qui, depuis quarante ans, / je suis lié d’une amitié /qui m’est plus proche que moi-même : / en rapport d’invisibilité avec le Judaïsme’. – Ou bien renoncer à participer à la publication. Je vous laisse la liberté de choisir”.

Intanto sono pronte le prime bozze dell’omaggio, e Fédier l’11 marzo le invia ai contributori sollecitandone la correzione. Con un colpo d’orgoglio, il 17 marzo Laporte gli rimanda indietro “non corrigés, les placards de mes ‘Notes sur Giacometti’, que vous voudrez bien retirer de l’Hommage à Jean Beaufret”; ma nel corso della lunga lettera d’accompagnamento (subito inviata in copia a Derrida) si perde: “Après la séance à l’ENS, mon premier mouvement a été de retirer mon texte, car il m’était difficilement tolérable de participer à un hommage rendu à quelqu’un qui tenait des propos inadmissibles envers Maurice Blanchot, sans parler de ceux tenus envers Michel Foucault. Je n’ai pourtant pas retiré mon texte à ce moment là : parce que j’ai tenté de mettre sur le compte de la colère et du chagrin les propos de Beaufret concernant Blanchot et Foucault ; parce que j’ai voulu ainsi montrer qu’il était impossible de m’accuser de vouloir m’attaquer à ‘l’hommage’; enfin parce que mon retrait aurait mis Jacques Derrida devant un choix impossible […]. Je vous prierai pourtant de bien vouloir dire à Jean Beaufret qu’il ne voie en aucun cas dans mon retrait quelque acte de méchanteté à son égard ; au demeurant, si lui-même désirait ma participation, je pourrais reconsidérer ma décision. Permettez-moi d’ajouter ceci : ce drame aura bouleversé ma vie et, me semble-t-il, je suis d’ores et déjà très largement puni au-delà des fautes que j’ai réellement commises. Pourtant, si l’occasion m’en était donnée, je ne demanderais pas mieux que de réparer le mal que, très involontairement, j’ai pu faire à Jean Beaufret, mais, comprenez-moi, il m’est impossible de me désavouer: ce serait maintenant que je mentirais si je disais que j’ai menti”.

Non contento, il giorno dopo 18 marzo spedisce una lettera aperta a otto intellettuali tra cui Foucault, Clémence Ramnoux (cui chiede “de ne rien dire à Lévinas tant que nous lui aurons pas parlé”) e Derrida stesso (cui confida: “Rien donc de Blanchot – quoi de plus inquiétant que le silence!”), dove espone “le drame qui bouleverse ma vie depuis quelques mois et qui tombe de plus en plus dans le domaine public.Vous connaissez l’amitié qui, depuis qu’il fut mon professeur de philosophie, me liait à Jean Beaufret. Bien qu’il m’ait tenu à plusieurs reprises des propos de tendence antisémite, je n’ai pas cru, en raison des circonstances qui entouraient ces propos, devoir les trouver suffisamment graves pour refuser de participer à un hommage a J. Beaufret qui doit paraître cette année, mais, ayant eu la maladresse, en novembre 67, de rapporter au cours d’une conversation privée ces propos à un ami juif participant à cet hommage [Derrida], cet ami (avec mon accord) a jugé de son devoir de s’élever contre de tels propos auprès du responsable de l’hommage. Je dois à la vérité de dire que Jean Beaufret a reconnu avoir tenu tous ces propos (sauf un, le plus expicite), tout en leur donnant une interprétation non antisémite. Sur le seul propos, non reconnu par Beaufret (et dit à moi seul), la rupture s’est faite […] il ne se souvient pas d’avoir tenu ce propos particulièrement déplaisant dont moi je me souviens, ajoutant que, s’il l’avait tenu, il tiendrait à le renier ; en revanche ses amis, et surtout F. Fédier, ont jugé préférable de mener contre moi une campagne visant à m’accuser soit de mensonge, soit, pour le mieux, de folie, et c’est ainsi qu’ils sont arrivés à en convaincre certains de mes plus chers amis, tels René Char ou Roger Munier [contributori entrambi] qui m’ont jugé et condamné sans même m’entendre”. La lettera conclude con un Laporte logicamente propenso a ritirare il suo contributo, salvo che… “seul me retient le cruel embarras dans lequel ce retrait mettrait deux de mes plus fidèles amis : Maurice Blanchot et Jacques Derrida, qui, écrivant eux aussi pour cet ouvrage, mais ne mettant pas un instant en doute ma parole, ne maintiendraient sans doute pas leur texte si je retirais le mien”.

C’era da uscirne pazzi, e difatti il buon Laporte, in una lettera a Derrida non datata ma certamente a ridosso di quest’ultima, lamenta “la dépression qui de nouveau me guette” in seguito alla “réaction de René Char dont vous m’avez fait part”, perché “je considerais Char comme un ‘demi-dieu’”, e peggio ancora, “actuellement les plus chers amis de Blanchot sont d’une part René Char, d’autre part Roger et Jacqueline Laporte”: se Blanchot viene a sapere di Char, “il sera placé devant cette cruelle alternative de devoir choisir aveuglement entre l’un ou l’autre de ses deux meilleurs amis”. E queste son solo premesse: “ma faute a plutôt été de ne pas défendre Beaufret dans la mesure même où tout ce drame aurait été évité si vous aviez tenu compte pas seulement des propos rapportés mais aussi du fait que, dans le contexte de Beaufret, ils ne m’avaient pas paru graves au point de ne pas participer à l’‘Hommage’. Il s’est passé ceci, qui sur le moment vous aura peut-être échappé : devant la vivacité de votre réaction et de celle de Marguerite [moglie di Derrida], je me suis (c’est chez moi presque une manie) accusé de faiblesse ou de mollesse, je dirais même que j’ai eu honte, et que, vous le comprendrez aisément, il m’avait été tout à fait intolérable de passer pour si peu complaisant que ce soit envers l’anti-sémitisme ; bref, c’est au moment où je m’accusais si fort de faiblesse à propos de ma participation à l’hommage à Beaufret, que j’étais effectivement faible en n’acceptant pas de passer un moment pour ‘antisémite’. J’ai choisi Derrida contre Beaufret, mais ainsi j’ai été cause de malheurs pour Beaufret, pour Derrida et quelques autres”.

(continua)

 

La puntata # 1 è qui http://www.satisfiction.me/sessantotto-segreto-1/;

la # 2 qui http://www.satisfiction.me/sessantotto-segreto-2-2/ .

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