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Sessantotto segreto # 4

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Il 27 marzo 1968 Blanchot scrive a Derrida di aver “renvoyé les épreuves à Fédier”, e aggiunge: “nous n’avons peut-être pas le droit (du moins pour l’instant) de parler à Levinas, risquant, en lui parlant c’est-à-dire en l’instruisant de ce que peut-être il ignore, de lui faire une peine infinie, et venant d’une certaine manière réclamer une justification auprès de lui, et comme une innocence. Or, nous savons, vous et moi, qu’en tout cas, et ici d’une manière hélas exemplaire, il n’y a pas d’innocence et que nous devons porter notre non-innocence sans nous en décharger sur personne. Nous avons agi l’un et l’autre pour des raisons – appelons-les  trascendentes, selon le language trompeur conventionnel – qui sont plus importantes que nous : qu’elles parlent aussi pour nous auprès de Levinas, mais ne parlons à leur place que si cela est nécessaire, c’est-à-dire s’il apparaît qu’informé, il l’est selon une version inexacte, car la vèrité, fût-elle illisible, elle aussi, a ses droits. Ne précipitons rien en accord du reste avec vos intentions et les circonstances. Je vous dis cela dans le courant d’une réflexion sans terme, et cela revient à dire : nous devons accepter de n’être pas justifiés personnellement ; je voudrais aussi pouvoir le faire entendre à Roger Laporte”.
Dopodiché Blanchot e Derrida s’incontrano l’1 aprile per stilare una lettera aperta ai contributori dell’hommage, nella quale, ricostruito l’antefatto,  comunicano che “Beaufret a accepté avec simplicité et sérénité de s’expliquer sur ses propos. À l’exception d’un seul, le plus grave, celui qui ne souffrirait aucune interprétation atténuante, il les a reconnus, mais en contestant qu’ils puissent en aucune manière être tenus pour antisémites. Bien qu’il nous soit difficile d’accueillir sans réserve la réduction de tel propos à un sens innocent, nous ne pouvions considérer comme déclaration d’antisémitisme une parole ambiguë, livrée à l’indécision d’interprétations contradictoires et dont le contexte ne pouvait être totalement restitué. Quant à l’autre propos, le plus effrayant, et aussi le plus vulgairement antisémite, Jean Beaufret a affirmé ne pas se souvenir de l’avoir prononcé. Il a même affirmé qu’il était convaincu de n’avoir jamais pu le formuler tant il lui paraissait éloigné de sa pensée et de son langage. Il y avait donc là un brutal conflict de témoignages. Comme nous n’étions pas en mesure de prouver que l’un des deux devait l’emporter sur l’autre et puisque, dans un cas d’une telle gravité, tout nous invitait à ne pas faire entrer en ligne de compte des préférences privées ou des convinctions trop subjectives, nous avons admis que nous faisait défaut le fait avéré et comme tel disponible pour la certitude de chacun, qui seul eût permis de donner au geste de retrait que nous avions d’abord envisagé son fondement de justice. Dans ces conditions, nous nous sommes sentis obligés de ne tenir compte que d’une vérité, la plus importante. Cette vérité est celle-ci : Jean Beaufret repousse tout soupçon d’antisémitisme comme injurieux et déclare que les paroles qui lui sont imputées ne se sont jamais accordées et ne peuvent s’accorder avec sa pensée veritable. C’est en considérant cette affirmation – qui engage Jean Beaufret comme elle nous engage l’un et l’autre qui l’acceptions – que nous avons décidé de laisser hors mémoire la réalité ou la possibilité, ainsi que le sens des paroles passées, estimant, à partir de là, que nous n’avions pas le droit de porter, par notre retrait, une accusation si forte qu’elle eût signifié en même temps une condamnation”.
Blanchot insomma preferiva non coinvolgere Levinas nell’affaire, e sperava di frenare Laporte, il quale però il 16 aprile confida a Derrida che Levinas “a été non pas mis au courant mais averti qu’il se passait quelque chose. Il se peut qu’en conséquence l’entrevue avec Levinas se fasse plus tôt que Blanchot ne l’aurait désiré”.
In realtà era stata sua moglie Jaqueline a preavvisare Levinas, col risultato che l’incontro di Derrida e Blanchot con Levinas avvenne, a fine maggio nel pieno della rivolta studentesca e secondo modalità che Derrida delinea assai diversamente da quanto desumibile dalla corrispondenza: “Blanchot a dit : ‘Il faut que nous en parlons à Levinas’. Donc, je me rappelle un jour où j’avais donné rendez-vous à Blanchot, en voiture, et je l’ai emmené chez Levinas à qui nous avons exposé l’affaire, puisque Levinas était nommément mis en cause par les propos rapportés de Beaufret. Levinas a pris la chose de façon assez sereine : ‘Oui, vous savez, on a l’habitude…’. Il a été moins ému que nous par la chose” 1.
Csì infine “L’Endurance de la Pensée” a fine settembre del 1968 esce, con la dedica di Blanchot a Levinas in testa al suo “Parole de fragment” e una breve aggiunta di Derrida a una lunga nota del suo “Ousìa e Grammè” 2.
Pochi giorni prima dell’uscita, Derrida era partito per il suo primo giro di conferenze americane; logico quindi che Blanchot lo informasse della stessa pochi giorni dopo, in una lettera del 25 ottobre dove inoltre confida: “je ne regrette pas que vous soyez éloigné en ce moment, puisque vous échappez ainsi aux très pénibles débats au sujet de Vincennes : vous imaginez de quel ordre ils peuvent être. Autant que je puis – et vraiment souvent je me demande pourquoi je suis mêlé à ces choses –, j’essaie d’empécher que des heurts ou des rivalités de cercles, de clans intellectuels, ne mobilisent les étudiants en se faisant passer pour des exigences plus désintéressées. […] Par Jacqueline, je sais que Roger a vu Levinas – entrevue très cordiale, et par Jacqueline encore, qu’il est possible que Roger soit nommé à Vincennes par l’entremise de Foucault”.
L’università di Vincenns nacque giusto nell’ottobre 1968 per espressa volontà del neoministro gollista della cultura Edgar Faure, come risposta riformista al Maggio studentesco. In “Derrida d’ici, Derrida de là” (Galilée, Parigi 2009, pp. 189-190) Derrida rivela alcuni retroscena: “Hélène a eu cette ‘mission’ redoutable. Ça se passait en juillet à peu près, et il fallait mettre sur pied cette nouvelle université en créant tout. C’est-à-dire les premiers comités d’installation, les premiers professeurs, etc. Hélène avait carte blanche pour faire ça. Ella a commencé en juillet, rue Lhomond, les consultations [ride], les premières consultations. Et au fond, tous ceux qui ont été installés là, qui ont été, si j’ose dire, les pères de Vincennes, ont été des gens qu’Hélène, en consultant certains amis, dont moi, avait appelés. Ce qui fait que le geste a été à ce moment-là un geste quand même inaugural de grande envergure. Mais ça se passait, comme ça, dans de petits comités”.
Né Laporte né tantomeno Beaufret entreranno nel novero dei professori scelti. E la nostra storia finisce com’era cominciata, mestamente, con una questione di cattedre.

P.S. Servirà spero a chiarire un oscuro P.S. di Derrida, datato 1 aprile 1973, al suo “Éperons” (Corbo e Fiore, Venezia 1976) : “Roger Laporte me rappelle une rencontre orageuse – il y a plus de cinq ans et je ne peux en rapporter ici la circonstance – au cours de laquelle nous avions eu tous deux à nous opposer, pour d’autres raisons, à tel herméneute qui, au passage, prétendit tourner en dérision la publication de tous les inédits de Nietzsche: ‘Ils finissent par publier ses notes de blanchisseuse et des déchets du genre: j’ai oublié mon parapluie’. Nous en avions reparlé, des témoins le confirment. Je me suis donc assuré de la vérité de ce récit, de l’authenticité de ces ‘faits’ dont je n’avais d’ailleurs aucune raison de douter. Je n’en garde pourtant pas le moindre souvenir. Aujourd’hui encore”.

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NOTE
1. D. Janicaud, op. cit., II, 99. La versione è ripresa paro paro in S. Malka, “Emmanuel Levinas: la vita e la traccia” (2002), Jaca Book, Milano 2003, p. 117. Nello stesso frangente, Blanchot chiese a Derrida di scrivere dei volantini anonimi per la neonata “Union des écrivains”, come egli stesso stava facendo, cfr. Ch. Bident, op. cit., p. 473.
2. Nella n. 21, a p. 226, dopo aver denunciato una “complicité profonde : celle qui ressemble, dans le même refus de lire, dans la même injure à la question, au texte et à la question du texte, dans la même redite ou dans le même silence aveugle, le camp de la dévotion heideggerienne et celui du anti-heideggerisme”, Derrida chiude con: “C’est de la volonté de rompre avec cette complicité que nous souhaitions faire ici hommage à Jean Beaufret” (frase cassata poi dall’autore in “Marges de la philosophie”, Éd. de Minuit, Paris 1972).

(Fine. Le altre puntate http://www.satisfiction.me/sessantotto-segreto-1/, -2-2/ e -3/)

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